Note : J’ai commencé cet article le 27 décembre, le soir de la mort de Carrie, après avoir regardé A New Hope. Mais arrivée à 3h du matin, j’étais tellement épuisée que je l’ai laissé en suspend. Le temps a passé, et ça m’embêtait un peu de ne pas le finir, mais c’est le souci des hommages, ça sonne un peu creux hors de contexte… Mais hier, Meryl Streep a ponctué son discours aux Golden Globes, d’une citation que Carrie lui avait dit un jour “Take your broken heart, make it into art” (Met ton coeur brisé dans ton art). Parce qu’elle continue de m’inspirer même après sa mort, je poste enfin ma petite longue éloge à Carrie Fisher.

Beaucoup d’entre nous ont vu une célébrité chère à leur coeur disparaître durant cette année clairement merdique qu’a été 2016. Déjà, quand ça commence par David Bowie, ça donne bien le ton… Mais je pense que personne n’attendait à se manger tant de baffes dans la gueule.

J’ai été très attristée d’apprendre pour Bowie, mais force est de constater que je n’étais pas une vraie fan du monsieur. Après tout, je ne connaissais que ses chansons les plus célèbres. C’est une figure majeure de notre culture, et je sais reconnaître ce qu’il y a amené, mais ça n’est pas un homme qui a personnellement révolutionné ma vie (sauf si on considère que son fils a réalisé un de mes films de SF préféré…).

Puis quelques jours après, on a perdu Alan Rickman… Là, ça a piqué un peu plus fort. Je n’étais pas fan comme je le suis pour d’autres acteurs (quand je fanatise, je ne fais pas la dentelle), mais je suivais sa filmographie de près. Son nom dans un générique était suffisant pour me faire bouger mon popotin. Parce que c’était un acteur extrêmement talentueux et versatile. Mais en même temps, mon cerveau a juste refusé d’enregistrer son décès comme une réalité. Quasiment un an après, je continue ma vie en me disant qu’Alan Rickman est toujours parmi nous, et qu’il nous sortira bien un film prochainement. Dans quelques années, je dirais probablement à Viviane : “dit donc, ça fait un bout de temps qu’on ne l’a pas vu Alan…Il devient quoi ?”. Et elle me dévisagera outrée, avant de se facepalmer, et je réaliserai qu’il nous a quitté durant l’année maudite, avant d’oublier à nouveau…

Et voilà que 2016 s’est dit qu’elle ne peut pas finir sans un bon uppercut de derrière les fagots…

Alors bon, comme beaucoup tu vas te dire : oui enfin Carrie Fisher, c’est juste la princesse Leia… Elle n’a rien fait d’autre dans la vie, pourquoi est-ce que tu pleurniches plus sur une nana qui était coiffée avec des pains aux raisins, et portait un bikini dans des films sortis avant ta naissance, que sur Bowie qui a révolutionné la musique et a créé une contre-culture des 70s ?

Et bien parce que TU AS TORT.

Pas sur Bowie. Sur Carrie.

Oui, Carrie c’était la Princesse Leïa (et ensuite la Générale Organa, chef de la Résistance, s’il te plait tu essayes de ne pas oublier ça).

Lorsque j’avais 5 ans, mon père nous a ramené les VHS de la trilogie Star Wars, et nous a dit que c’était des films avec des vaisseaux spatiaux et des bagarres. Déjà, j’étais bien intéressée, parce que l’espace ça me faisait beaucoup rêver. Et puis il a mentionné qu’il y avait une princesse. Cet argument m’a fait asseoir immédiatement sur le canapé, pour regarder les PEW PEW PEW dans l’espace et la princesse se faire sauver par le chevalier et le brigand.

Sauf que la Princesse, quand on l’a vue se faire capturer, elle a regardé le méchant dans les yeux (enfin le casque), et lui a dit d’aller faire l’avion sur un cactus. Puis quand le chevalier et le brigand sont arrivés pour la sauver, elle a été reconnaissante qu’ils lui aient ouvert la porte, mais elle a choppé un flingue et a commencé à faire PEW PEW PEW sur les méchants. Et à se foutre de la gueule du brigand. Et un peu du chevalier parfois. Rien n’impressionnait la Princesse, elle portait une robe qui n’était même pas jolie, mais elle était là pour botter le cul de l’Empire. Personnellement. Vador avait détruit sa planète devant ses yeux, elle avait tout perdu, mais elle ne faiblirait pas pour le moment. Elle dirigerait la Résistance, tant qu’il y aurait l’Etoile Noire dans le ciel, et l’Empereur pour tyranniser la Galaxie.

Et elle a fait ça dans les trois films. Garder la tête froide, donner des ordres, prendre part aux plans et rendre la vie merdique à l’Empire, sans qu’on ait à devoir la couvrir de paillettes et parler de sa beauté pour qu’elle ait de l’importance.

Leia est une vraie princesse. Pas une jolie poupée qu’on met dans un coin avec une couronne et que l’on habille quand on en a envie, et qu’on vient sauver. Elle étrangle elle-même avec ses chaines, l’immonde larve géante qui a osé la coller dans un horrible bikini pour la parader à ses pieds. Je ne sais pas si tu te rends compte combien cette scène est cathartique, même pour une gamine de 5 ans… C’est une femme de poigne, qui a appris la politique, la stratégie et à se battre. C’est une chef d’Etat et militaire. Elle prend l’aide qu’on lui apporte, et elle donne du soutien à ceux qui en ont besoin. Leia était la première vraie princesse de mon coeur. C’était un modèle.

Mais tu vas me dire : oui, enfin ça reste un personnage fictif… Refait toi les DVDs et reprend ta vie. Et je vais t’arrêter tout de suite pour te dire que c’est déjà fait, mais surtout que Carrie, elle était réelle. Et pas juste Leia.

Carrie, certes a disparu de nos écrans pendant longtemps, mais seulement de vue. C’était une auteur, et une des plus importante script-doctor d’Hollywood. Elle a bossé sur des tonnes de grands films, en réparant plein de failles dans les scénarios, en rendant les dialogues meilleurs, sans jamais être créditée au générique. C’était connu à Hollywood qu’un scénario qui passait par Carrie Fisher, c’était un scénario sauvé. C’est facile de croire qu’on peut être script-doctor, mais être bon à ce job, c’est difficile. Y être excellent, c’est très rare. Et ingrat. Parce que personne ne sait que les script-doctors existent. Ca fait parti des petits secrets d’Hollywood dont le public se fiche, ça n’est qu’un rouage dans une énorme machine. Imperceptible, et seuls ceux qui s’intéressent à l’art du scénario savent combien il est primordial.

Je ne vais pas te raconter toute sa vie, mais disons que le poids de mastodontes comme Star Wars et Hollywood, ont essayé de l’écraser et qu’elle a du se battre constamment contre ça. Et contre elle-même. Elle était bipolaire. Ca, couplé avec les pressions qu’elle subissait avec sa carrière, ça l’a rendue toxicomane. Mais comme tout le monde prend toujours à la légère les maladies mentales (et la toxicomanie est une maladie mentale), on en a juste fait les choux-gras de la presse. Leia est en désintox, ça vend du papier, ça fait jaser, mais au final on oublie.

Puis elle a eu la très mauvaise idée de vieillir. Alors là, c’était complètement foutu, qui a envie de voir une droguée folle et ridée sur ses écrans hein ? Et bien Carrie a dit à tout le monde d’aller gentiment se faire foutre, et a décidé de l’ouvrir. Elle a écrit des livres, elle a fait des conférences, elle a même fait un one-woman-show (Wishful Drinking, que je te conseille grandement) sur sa vie. Elle a raconté ce que c’était de vivre avec la bipolarité, et la drogue et l’alcool. Elle a arrêté de se taire sur les conneries qu’Hollywood et Lucas lui avaient fait subir. Elle a pris Twitter en main (alors que ta mère ne sait toujours pas faire un statut Facebook), car elle avait enfin une plateforme pour dire haut et fort ce qu’elle voulait. Elle est devenue un soutien pour plein de minorités, pour nous rappeler que même si on s’en mangeait plein la gueule, on pouvait tomber mais ça ne voulait pas dire qu’on n’allait pas se relever. Elle était tellement là pour nous qu’on l’avait surnommée Space Mom.

Carrie était forte et elle nous rendait un peu plus forts aussi. Alors oui, en tant que femme, féministe, auteur et scénariste, vivant avec des troubles psy, fan de cinéma et de Star Wars, et en tant que petite fille qui adore les princesses qui dirigent des Résistance en bottant des culs, mon petit coeur a une grande faille à l’intérieur. Mais si elle nous a bien appris une chose, c’est que ça n’est pas une raison pour baisser les bras.

MAY THE FORCE BE WITH YOU GENERAL, ALWAYS.

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1 Comment on RIP General Carrie Fisher

  1. Merci pour ton article ! je ne savais pas tout ça sur Carrie, du coup j’ai appris plein de choses ! Même si je ne suis pas une grande fan de SW ça m’a fait quelque chose quand elle a disparue.. parce que bon, Kick ass princess !! <3

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